Appel à communications
L’Environnement au cinéma et dans les séries de langue anglaise
26e congrès de la SERCIA
2-4 septembre 2026
Université de Montpellier Paul-Valéry, France
Conférences plénières :
Emmanuelle André (Université Paris-Cité) et Jean-Michel Durafour (Université Aix-Marseille)
Joe Heumann et Robin L. Murray (Eastern Illinois University)
Les préoccupations environnementales sont au cœur du XXIe siècle. Elles font l’objet de débats politiques intenses, en particulier en provenance des personnes qui voient dans le changement climatique une croyance plutôt qu’un fait scientifique. Leur impact sur notre vie quotidienne, qu’il s’agisse du recyclage, du compostage ou des panneaux solaires, en passant par le végétarisme et/ou des applications telles que Greenly ou Klima qui nous permettent de calculer notre empreinte carbone journalière, n’a fait que se confirmer jusqu’à aujourd’hui. Notre vie émotionnelle est profondément affectée par les rapports annuels sur la hausse des températures moyennes, la fonte des calottes polaires, la diminution de la biodiversité et l'augmentation des catastrophes naturelles, sources d’une nouvelle forme de dépression connue sous le nom d'éco-anxiété.
Pourtant, la représentation spectacularisée des questions écologiques à l'écran n'est pas une nouveauté ; les premiers documentaires tels que Grass: A Nation's Battle for Life (L’exode, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1925), Man of Aran (L’homme d’Aran, Robert Flaherty, 1934) ou, plus récemment, la série Netflix Our Planet (Notre planète, 2019-2023), ainsi que des longs métrages de genres variés tels que The Roots of Heaven (Les Racines du ciel, John Huston, 1958), Soylent Green (Soleil vert, Richard Fleischer, 1973), The Emerald Forest (La Forêt d’émeraude, John Boorman, 1985), Gorillas in the Mist: The Story of Diane Fossey (Gorilles dans la brume, Michael Apted, 1988) et Night Moves (Kelly Reichardt, 2013) traitent déjà des interactions de l’Homme avec son environnement et de ses manières de s’y adapter, ainsi que de questions telles que la déforestation, la conservation de la faune sauvage et même l'écoterrorisme. Les films et les séries contemporaines accordent une part croissante à ces préoccupations dans leurs récits - certains diront qu'ils visent à tirer profit de leur actualité et de leur potentiel affectif. Les intrigues de superproductions de science-fiction telles que The Day After Tomorrow (Le Jour d’après, Roland Emmerich, 2004), Snowpiercer (Le Transperceneige, Bong Joon-Ho, 2013), Interstellar (Christophe Nolan, 2014), Mad Max: Fury Road (George Miller, 2015) et Don't Look Up (Don’t Look Up : Déni cosmique, Adam McKay, 2021) fondent leurs prémisses sur les conséquences potentielles du changement climatique. Dans la mini-série britannique Years and Years (BBC One, 2019), le temps qui passe est ponctué de bulletins d'information sur la montée des eaux et sur des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents ; par ailleurs, la série étatsunienne en trois saisons The Leftovers (HBO, 2014-2017) a proposé une approche convaincante de la question de l'anthropocène (et de son déni) (Hatchuel & Thiellement, 2019). Ces œuvres sont toutefois confrontées à un paradoxe problématique : la réalisation d'un film ou d'une série n'est pas une activité inoffensive pour l'environnement. En mars 2024, le magazine Time a rapporté que « les films peuvent émettre en moyenne entre 391 tonnes d’équivalent CO2 pour un film à petit budget et jusqu'à 3 370 tonnes pour des grosses productions phares comme Oppenheimer (Christopher Nolan, 2023) ou Barbie (Greta Gerwig, 2023), soit l'équivalent de l'alimentation électrique de 656 foyers pendant un an. » Si les studios et les distributeurs, à l'instar des gouvernements, s'efforcent de mettre en place des mesures écologiques, ce sont avant tout les artistes expérimentaux du cinéma et de la vidéo qui s'efforcent de marier leur activité créatrice avec le souci du moindre impact environnemental. Le congrès annuel 2026 de la SERCIA vise à appréhender ce paradoxe et, plus largement, à favoriser les conversations interdisciplinaires entre les études cinématographiques et télévisuelles, les sciences humaines environnementales, l'éco-critique et les domaines connexes.
L'intérêt des chercheurs pour le lien entre l'art et les questions environnementales s'est accru depuis l'avènement de l'éco-critique dans le domaine des études littéraires dans les années 1970. En 2004, le terme « écocinéma » a été inventé par le critique de cinéma Scott MacDonald lors d’une discussion autour de cinéastes indépendants tels que James Benning. Depuis lors, plusieurs publications importantes ont vu le jour, centrées sur l'impact de l'industrie cinématographique et télévisuelle sur l'environnement (Vaughan 2019 ; Kääpä et Vaughan 2022) ainsi que sur la représentation des préoccupations environnementales dans le cinéma populaire (Murray et Heumann 2009), dans le cinéma expérimental (Rust, Monani et Cubitt 2012 ; Paszkiewicz et Ruthwein 2025), dans des genres cinématographiques spécifiques tels que la comédie (Murray et Heumann 2022) et même dans les films du début du XXe siècle qui pourraient avoir été influencés par les idées de la fin du XIXe sur la notion de conservation (Mitman 1999). Le domaine des études animales a lui aussi fait son apparition sur la scène universitaire internationale. En France en particulier, des efforts ont été faits dans le domaine des études cinématographiques, qu’il s’agisse d’analyser l'iconographie de la vie animale (André et Durafour 2023), de la vie végétale (Castro, Pitrou et Rebecchi 2020) et des « formes naturelles » (Deville et Olcèse 2023), ou de conceptualiser l'écologie cinématographique à partir de théories descriptives des écosystèmes.
Ce congrès invite à des travaux qui abordent l'environnement dans le cinéma et les séries sous différents angles, notamment l'esthétique, les études culturelles, l'économie, l'histoire et la sociologie. Elle entendra le terme « environnement » dans son acception « environnementale », ce qui en fixe les limites à l’idée d’« environnement naturel ». Les communications peuvent porter sur la nature, les paysages, la justice environnementale, l'éco-féminisme, l'anthropocène (Fay 2018), le capitalocène, les transformations anthropiques (changement climatique, pollution, urbanisation), l'action non humaine et les écologies, ainsi que sur la relation entre le monde naturel et d'autres environnements (urbain, virtuel, etc.).
Thèmes possibles (liste non-exhaustive) :
• la représentation au cinéma et à la télévision des questions environnementales (esthétique, temporalités, affects et émotions, politique, y compris l'articulation des préoccupations environnementales avec la race, le genre, la classe sociale et le non-humain) ;
• l'empreinte environnementale des médias (production, streaming, distribution ; pratiques durables dans la réalisation cinématographique) ;
• la compréhension par le public des préoccupations environnementales à travers les médias audiovisuels (l'impact des films et des séries sur les croyances, l'activisme, la conscience environnementale) ;
• l’approche des préoccupations environnementales dans des genres spécifiques (cli-fi, films sur les catastrophes écologiques, éco-horreur, documentaires, etc.) ;
• la manière dont les recherches récentes abordent les questions environnementales telles que véhiculées par le cinéma et la télévision (éco-cinéma, sciences humaines environnementales, théorie éco-critique, posthumanisme, néo-matérialisme, études animales, justice environnementale et écologies postcoloniales) et s'efforcent de les replacer dans une perspective historique, intermédiale ou transnationale ;
• le militantisme et l'engagement du public dans/autour des médias audiovisuels (acteur·rices comme Leonardo DiCaprio, festivals de cinéma, cours, utilisation du cinéma/de la télévision pour favoriser la sensibilisation et la culture environnementales).
Vos propositions en anglais et en français, accompagnées d'un résumé de 300 mots et d'une courte biographie, doivent être envoyées avant le 15 avril 2026 à l’adresse sercia2026@gmail.com. Nous attendons avec impatience vos propositions et nous réjouissons à l'idée de mener des débats fructueux sur la manière dont le cinéma et la télévision non seulement reflètent les crises environnementales, mais contribuent aussi à imaginer, critiquer et éventuellement remodeler notre compréhension de notre environnement commun.
L'inscription à la conférence nécessite d'être membre de la SERCIA à jour de la cotisation : https://www.sercia.net/join/how-to-join-sercia/
Comité d'organisation : Guilhem Billaudel, Anne Crémieux, Apolline Dosse, Hadrien Fontanaud, Hervé Mayer et David Roche
Comité scientifique : Martine Beugnet (Université Paris Cité), Teresa Castro (Université Sorbonne Nouvelle), Claire Cornillon (Université de Nîmes), Vincent Deville (Université de Montpellier Paul-Valéry), Christophe Gelly (Université Clermont-Auvergne), Sarah Hatchuel (Université de Montpellier Paul-Valéry), Marianne Kac-Vergne (Université Paris-Est Créteil), Monica Michlin (Université de Montpellier Paul-Valéry), Katarzyna Paszkiewicz (Université des Îles Baléares)







